Apostillas para una obra invisible

mais la matière. D’après lui, il s’agit de caractériser une nouvelle pra- tique d’avant-garde qui, sous le nom d’ Art de Mass Media , serait ca- pable de produire des objets de contemplations esthétique à partir des créations composées d’une matière, pour ainsi dire, immatérielle. Matière dont la matérialité invisible peut soutenir une « esthétique ‘anti-optique’, antivisuelle » reposant sur une « recherche de matières immatérielles, d’ ‘anti-choses’» 14 . Selon Masotta, la dématérialisation serait une prolongation dialec- tique de ce que le Pop Art impliquait de manière fondamentale, mais n’avait pas radicalement exploité. L’art pop avait été conduit à « ‘ra- baisser’ la structure de l’image au ‘statut’ du symbole sémiologique ; et ceci avec le but de rendre problématique le rapport de l’image à l’objet réel» 15 . Pour lui, il était question d’une « critique radicale de tout réalisme de l’objet ; [d’] un art qui pense l’objet comme ir- rémédiablement médiatisé par les langages» 16 . En ce sens, l’ Art de Mass Medias et le Pop ne coïncidaient pas seulement en une com- mune exploration de la publicité et les Medias de Masses, mais égale- ment sur leur considération de la radicale détermination des images et de la réalité par le langage. La dématérialisation consisterait, alors, à pousser encore plus loin cette logique et abandonner le registre du visuel pour travailler avec une matière plus sociale que physique. Cependant, la dématérialisation comme retrait du visible ne va pas sans poser d’autres difficultés. En fait, il est clair que les œuvres dont Masotta parle ne sont en aucun cas dépourvues de visibilité et même si l’on peut penser à des travaux où il n’y ait rien à voir, cela ne démontre pas qu’ils n’impliquent pas le visuel. Qu’il n’y ait pas d’ima- ges ne saurait pas dire qu’aucune visibilité ne soit en jeu et moins encore indiquer que l’objet esthétique se soit complètement détourné du plan scopique. Certes, Masotta ne fait pas tellement référence au fait qu’il y ait ou qu’il n’y ait pas des images. Pour lui il s’agit de la possibilité de «cons- truire des ‘objets’» pouvant « parler non pas aux yeux mais à l’en- tendement» 17 . Néanmoins, pour cela, il n’y a pas besoin d’opposer la visibilité de l’image à la sensibilité d’une matière immatérielle et postuler la fin de l’une comme condition du déploiement de l’autre.

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