Apostillas para una obra invisible

est libérée de l’objet par le concept, lui-même étranger à l’idéalisme et à la transcendantalité. Cependant, cette solution reste encore problématique car elle ne dis- tingue pas suffisamment entre l’objet d’art comme élément physique et l’objet de contemplation esthétique rendu sensible grâce à l’œuvre. Or, cette distinction est fondamentale dans la mesure où la super- position entre objet d’art et objet esthétique ne ferait que promou- voir une fétichisation dans laquelle chaque œuvre ne serait que de la marchandise sublime 12 . Sans doute s’agit-il d’une confusion très éloignée de la position de Lippard, qui revendique l’art dématérialisé comme étant justement «libéré du statut de marchandise artistique» 13 . L’idée même d’ob- solescence vise, chez elle, l’idée d’un écart radical entre les œuvres dématérialisées et l’art objectal qui hante la surconsommation du sys- tème de l’art. Néanmoins, c’est pour cela que le mot «obsolescence» se révèle ici fort malheureux : il ne désigne qu’une diminution de la valeur d’usage, en laissant parfois intacte la valeur d’échange. Et on pourrait parfaitement dire que les œuvres ne parviennent pas à entrer dans les circuits économiques du système de l’art sans être pré- cisement affectée d’une certaine obsolescence qui leur permet de cir- culer comme pure valeur d’échange réifiée en marchandise sublime. Mais si la dématérialisation vise l’écart que Lippard trace entre l’art dématérialisé et l’art objectal, il se peut que ce ne soit pas sans rap- port avec les conditions auxquelles s’avère soumis l’objet dans l’art. En effet, pour se tenir quelque peu décalé des circuits d’échanges économiques, l’œuvre d’art doit préserver une certaine distance avec son caractère de marchandise. Or, ceci ne saurait s’accomplir sans qu’il soit introduite une quelconque séparation entre l’objet d’art et l’objet esthétique auquel celui-ci a affaire. Toutefois, on ne saurait parler dans ce cas d’une dématérialisation de l’objet d’art, mais plutôt d’une déréalisation de l’objet dans l’art. Avec Masotta En outre, pour Masotta la dématérialisation ne concerne pas l’objet

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