Apostillas para una obra invisible

Destin des images et déréalisation de l’objet. À propos de la dématérialisation dans l’art contemporain Esteban Radiszcz Psychanalyste. Docteur en Psychopathologie et Psychanalyse, Université Paris-Direrot. D’après l’histoire officielle telle que la colporte la critique interna- tionale, la notion de dématérialisation a été introduite, en 1968, par Lucy Lippard et John Chandler 1 pour caractériser l’art «ultraconcep- tuel» des années 60, doublement orienté vers l’art comme idée et l’art comme action. Pourtant, le mot a été également employé en 1967 par le psychanalyste argentin Oscar Masotta 2 , qui s’est servi de l’expres- sion pour aborder l’esthétique d’avant-garde du tout récent Art des Mass Medias. De plus, Masotta lui-même indiquait qu’il était en fait question d’un terme déjà avancé en 1927 par El Lissitzky 3 , qui regret- tait le retard que l’art du livre exhibait quant au degré de dématériali- sation auquel était arrivée son époque. Mais au-delà d’une polémique stérile sur la création de l’expression, la dématérialisation semble constituer une notion centrale lorsqu’il s’agit des productions de l’art contemporain. En ce sens, Jacob Lil- lemose 4 souligne que la dématérialisation n’est pas uniquement une affaire concernant certains travaux artistiques des années 60 et 70. Bien au contraire, elle est encore présente de nos jours dans les œu- vres d’une partie non négligeable de l’art contemporain où l’esthétique de la dématérialisation se poursuit avec une urgence et une énergie renouvelées. Sans doute s’agit-il d’une notion pleine de difficultés et assez confuse même pour les artistes et les critiques qui s’en sont servis. Il est en fait question d’une expression autour de laquelle Lissitzky, Lippard et Masotta ont déplié des perspectives qui, n’étant pas contradictoires, divergent sur plusieurs points et, surtout, ne coïncident pas sur ce qui serait dématérialisé dans l’art. Néanmoins, ceci ne saurait suffire

RkJQdWJsaXNoZXIy Mzc3MTg=